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13 janvier 2010

Réveil de l'APCHA

Rédacteur : Dr. U. PLANTIN-CARRENARD, président de l'APCHA

Sincères remerciements à tous nos donateurs:

  • SANOFI PASTEUR en partenariat avec HANDICAP INTERNATIONAL
  • Laboratoire SOVEDIS
  • L'amicale Afro-Antillaise de Charlevilles-Mezières
  • Les parents et amis d'Outre-Atlantique
  • Le directeur du CHS de Bel-Air
  • Donateurs amis et anonymes des Ardennes

Lorsque je me suis réveillé ce matin du 13 janvier 2010, j'ai cru, en apprenant la terrible tragédie qui s'était déroulée ce 12 janvier à Haïti, mon pays natal, sortir d'un mauvais rêve, vivre un cauchemar qui ne peut être la réalité et malheureusement celle-ci allait très rapidement s'imposer à moi.

Un terrible séisme vient de détruire le coeur de Port-au-Prince, la Capitale, une grande partie de l'Ouest et du Sud-Est du pays, provoquant plus de 200 000 morts, des milliers de blessés et plus d'un million cinq cent mille personnes dans la rue.

Haïti est mon pays natal et si je vis depuis plusieurs décennies en France, je ne peux oublier tous ces lieux qui ont bercé mon enfance, Jacmel, le belle endormie, mère à jamais reconnue de nombreuses pépites de talents, je veux parler des artistes de renommée mondiale, écrivains, poètes, peintres, musiciens, Port-au-Prince, la magnifique recevant en hommage dans sa majestueuse baie la belle île de Gonave.

J'ai bien compris que l'amour du pays natal n'était pas un concept désuet, c'est pour moi le film de ma vie, de ma propre histoire, avec tous les souvenirs qui m'interpellent et qui m'amènent dans les endroits définitivement enfouis en moi.  c'est le Centre Hospitalier St Michel de Jacmel où je suis né, l'école des Frères de l'Instruction Chrétienne où j'ai vécu ma scolarité primaire, la courte année passée au Lycée Pinchinat de Jacmel et que dire du marché en fer de Jacmel, de ses belles maisons coloniales, de sa place agrémentée par la vue sur la baie qui accueille en son sein la grande rivière de Jacmel rejointe par ses deux confluents des rives droite et gauche.

Que dire de Port-au-Prince qui me rappelle ses grandes artères, notre Palais national fierté de la Nation, la fraîcheur des soirs d'été sur le Champ de Mars, notre merveilleuse Cathédrale et sa grande rosace si vénérée, les hauteurs de Pétionville qui ouvrent au visiteur la vue sur cette merveilleuse baie, dont on dit qu'elle est l'une des plus belle du monde.

Ces souvenirs m'étouffaient et retrouver la respiration, la vie, c'était sortir de ma petite mort à moi, me projeter dans les rêves les plus chimériques et oser dire que je devrais, je pourrais faire quelque chose pour ce pays plongé dans la plus grande des détresses et pour mes compatriotes abasourdis par tant de malheur.

Ainsi, je me suis décidé à réveillé APCHA, une association qui dormait dans mes cartons et qui avait pour mission d'aider au développement de Haïti et de la région de Jacmel et ce réveil a pu émouvoir soeurs, frères, parents, amis, anonymes qui m'ont apporté leur confiance et vont m'encourager dans un projet complètement fou, compte tenu du fanatisme apporté à des ambitions contrastant avec des moyens très modestes.

Les conséquences humaines et matérielles du séisme du 12 janvier 2010 dans leur énormité pouvant qu'être confiées aux Etats amis et aux grandes organisations humanitaires, nous avons vite compris qu'il nous est créé des devoirs nouveaux, répondre aux besoins médicaux de la post-urgence et commencer à intervenir dans la mesure de nos moyens, sachant qu'une grande partie de la population a migré en province et que l'aide des grandes organisations humanitaires n'arrive pas toujours à l'arrière-pays.

Aussi, très vite, notre association a décidé de programmer une grande campagne de vaccination dans la région de Jacmel et de Léogâne qui devrait intéresser essentiellement enfants et nourrissons et qui concernait les risques épidémiologiques suivants : la rougeole, le tétanos, la poliomyélite, la diphtérie.

Nous avons eu l'heureuse surprise que notre appel ait été entendu, compris, encouragé et très vite dès le mois de mai 2010, le laboratoire SANOFI PASTEUR, en partenariat avec HANDICAP INTERNATIONAL nous a promis ce merveilleux don de 4000 doses de vaccin pour les régions sinistrées et le laboratoire SOVEDIS les tablettes pour le traitement de l'eau.

Dès lors, il nous fallait monter une équipe, vaincre les difficultés administratives et matérielles et surtout réussir.  Mon ami Alain BIDELOGNE, infirmier au CHS de Bel-Air, a su parfaitement recruter nos deux camarades Catherine MARCHAND et Adeline PIRSON et j'exprime à tous les trois mon immense respect et ma très grande reconnaissance, car ils partaient "en terres inconnues" et grâce à leur altruisme, ils ont été simplement merveilleux de dévouement, de courage et de solidarité.  Nous aurons l'occasion de reconnaître dans leur action las qualités du vrai pionnier de l'humanitaire.

L'équipe Outre-Atlantique constiyuée par ma famille, mon frère Harry, mes deux soeurs Ginette et Claudette, mon beau-frère Edwards, mon neveu Paul, notre chauffeur Mansony, mon cousin Ralph, était parfaitement rodée pour nous assurer une excellente logistique qui nous a certainement épargné d'échouer piteusement.  Ils ont agi en vrais patriotes et en cela je suis profondément fier d'eux et de leur action.

Nous avons reçu les vaccins le 8 septembre 2010, soit 1000 doses de ROUVAX, 2000 doses de PENTAXIM et 1000 doses de DULTAVAX qui ont été transférées le jour même grâce à Alain en chambre réfrigérée au CHS de Bel-Air, jusqu'à notre départ le matin du 16 septembre pour Orly dans deux véhicules du CHS dont l'un réfrigéré contenant les vaccins.

Nous pensions partir avec les vaccins dans la soute à bagages de notre avion lorsque pour notre grande désillusion nous avons appris que les vaccins doivent voyager dans un avion de fret, qu'il fallait payer leur transport.  Cela nous a coûté la somme de 2000 euros, pratiquement notre cagnotte commune pour notre séjour à Haïti.

Dès notre arrivée à Port-au-Prince, nous sommes confrontés avec la réalité d'une ville affreusement mutilée par le séisme du 12 janvier 2010 et dont les traces huit mois après demeurent toujours présentes.  Nous n'allons pas nous improviser en reporter journaliste, car tout a été dit et écrit sur ce séisme qui en quelques dizaines de secondes a fait 250 000 morts, 300 000 sans-abri, réduit la moitié de la ville en poussières.  Mais cette réalité perdure, rien n'a changé et à peine tourne-t-on à droite de l'aéroport qu'on tombe sur ces tentes en camps improvisés que nous allons retrouver un peu partout dans Port-au-Prince, comme delui du Champ de Mars, au pieds du Palais National, bordant la rue CAPOIS où nous allons trouver un hôtel à 105 $ par personne par nuitée.

Une journée à Port-au-Prince suffit pour comprendre Jean Paul Mari lorsqu'il écrit : "Haïti n'est pas un pays. C'est un rêve.  Non, un cauchemar. Non plus.  Un rêve et un cauchemar à la fois".

L'avion des vaccins n'étant pas annoncé, nous décidions de regagner le lendemain Jacmel et rejoindre ma famille, fuyant la Capitale qui sent encore un relent de mort, avec cette chaleur moite, étouffante, suintante.

Le voyage pour Jacmel dans le véhicule 4x4 mis à notre disposition par mon neveu Paul va révéler à mes camarades la véritable réalité d'Haïti avec la traversée du très célèbre quartier populaire Carrefour-Mariani qui traduit en soi toute la pauvreté du pays, la détresse des habitants, avec les sempiternelles tentes qui bordent la voie et l'embouteillage monstre qui bloque la circulation sur un pont inachevé depuis des années.  Ce quartier franchi, il va falloir traverser une route montagneuse très difficile, la route de l'amitié offerte jadis par les Français, et dont les virages particulièrement dangereux serpentent sur des pitons très élevés, laissant en panne sur le bas côté pas mal de camions mal équipés.

Nous voilà enfin à Jacmel, j'allais dire chez moi, accueilli comme des héros, tant que la famille considère courageuse et combien généreuse notre mission.  Nous avons notre QG avec tout le confort possible, l'assurance de voir résolus certains problèmes matériels et de conduire à bonne fin notre missio.

Très vite, nous allons être confrontés à des problèmes administratifs, sachant qu'Haïti est un état indépendant qui a ses propres lois et qu'il faut nécessairement des autorisations administratives pour le pratique d'une activité médicale, même au sein d'un établissement public, d'autant qu'il s'agisse pour nous de vacciner des populations.

Nous sommes appelés très tôt à voir dès le dimanche des confrères haïtiens très intéressés par notre projet et ils ont diligenté un rendez-vous avec le  Médecin Directeur Départemental de la Santé qui, après une longue attente d'environ 8 heures, nous a confié un message pour le Médecin affecté aux vaccinations au Ministère de la Santé à Port-au-Prince.  Je m'y suis rendu le mardi, laissant le document à son secrétariat lorsque j'ai appris à mon retour à Jacmel que les vaccins étaient arrivés et qu'il fallait les déstocker.  J'ai laissé mes camarades visiter avec un de mes confrères haïtiens les établissements hospitaliers de la région du Sud-Est dont en particulier ceux de Cayes Jacmel et le Centre Hospitalier St Michel de Jacmel et je suis reparti à Port-au-Prince où j'ai pu enfin rencontrer le Dr Romuald CADET, le Directeur PEV-MSPP affecté aux vaccinations pour tout le pays qui a accepté mon don et formulé ses remerciements au nom de l'Etat haïtien à SANOFI PASTEUR/HANDICAP INTERNATIONNAL.

Le Docteur CADET a repris et signé devant moi  tous les documents et m'a expliqué que les vaccins vont être réintégrés au stock de vaccins de PROMESS d'où partent après décongélation les doses destinnées aux regions vaccinées et dans notre cas la région du Sud-Est.

Je suis donc retourné à Jacmel, ai pu rejoindre mes camarades et nous avons vaccinés au CHG St MICHEL de JACMEL avec toute la transparence et la traçabilité requises et dans d'excellentes conditions sanitaires des enfants de la naissance à l'âge de 5 ans.  Tous ces enfants disposaient d'un document de vaccination avec un calendrier bien tenu.  Naturellement nous avons étendus nos connaissances médicales à la pratique de la pédiatrie et nous avons dans le temps malheureusement très court qui nous est imparti inculquer des notions de bonne pratique médicale à infirmières et aides soignantes. 

C'est le coeur serré que nous avons laissé Haïti ce 2  octobre 2010, avec la certitude d'une mission accomplie dans les limites de nos possibilités, sans nier le malaise ressenti d'une mission incomplète dans ses ambitions pour pour un pays aujourd'hui effondré où 8 mois après le séisme des êtres humains vivent sous des tentes en plastique dans des camps improvisés avec des températures avoisinant 35°, conditions devenues extrêmes par la survenue avent notre départ des violentes pluies tropicales.

Avec la réception le 29 octobre 2010 d'un mail de remerciement du Dr Jean RONALD CADET, le Directeur PEV-MSPP du Ministère de la Santé d'Haïti, nous considérons cette mission comme achevée et APCHA, en la personne de son Président, acceptera volontiers toute nouvelle mission humanitaire qui lui sera confiée.

Charlevilles-Mézières, le 12 novembre 2010

Dr. Ulrich PLANTIN-CARRENARD

Président d'APCHA

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